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10 septembre 2021

Encore un soir (Ces jours particuliers)

C’est toi qui part aujourd’hui ; demain ce sera l’un d’entre nous et ainsi de suite jusqu’au dernier. Nous appartenons à la même génération ; regrettant l’insouciance de celle des jeunes nous voilà englués dans le déclin de celle des vieux. La génération de ceux qui mourront entre cette décennie et la prochaine. Une fois franchi le seuil des septuagénaires, le respect dû aux aînés n’existe plus. L’an deux mille, grâce à la montée en puissance de l’individualisme et du jeunisme, a renversé l’échelle des valeurs. Il ne fait pas bon d’avoir cinquante ans et au-delà dans le monde du travail ; il ne fait pas bon d’avoir soixante ans et au-delà dans la rue, en voiture, dans les magasins. Beaucoup subissent des moqueries, d’autres finissent parqués dans un mouroir loin de leurs familles, puis quelques-uns plus heureux, expirent leur dernier souffle, entourés par leurs enfants et petits-enfants.

C’est toi qui part aujourd’hui ; notre cœur se réchauffera de ton rire, ton enthousiasme, ta vitalité, ces traits de caractère qui appartiennent à ton âme et qui t’accompagnent donc, loin de ce corps vaincu par la maladie, flétri par la vieillesse. Facile de prendre du recul lorsque nous ne savons pas ce que vivre signifie exactement. Facile de se consoler lorsque nous nous raccrochons à quelqu’un pour continuer à jouer le jeu de la vie. Une fois dépassé le seuil des inconscients qui se réveillent bien assez vite dès les premières gifles dans leur monde parfait et des meurtris qui se relèvent de ce cauchemar car soutenus par une épaule aimée, il ne devient pas si aisé d’avancer, pas à pas, encore un jour, encore un soir. Ils n’appartiennent pas à ces derniers vivants d’un couple, d’une famille, d’une fratrie, dont le poids de la solitude tue toute envie de se battre, pour qui poursuivre son petit bonhomme de chemin se complique.

Quel mort serons-nous parmi ceux-là ? Notre force d’âge s’est effritée, nous le savons bien, nous râlons même sur cette fichue fragilité qui nous gêne et nous pousse vers la sortie. Le peu de temps qu’il nous reste file inexorablement ; nous nous attelons à préparer notre départ, sans attendre de précision sur le jour ou l’heure. De toute manière, prévu ou improvisé, nous l’apprendrons bien assez tôt.

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